Jean Lerebour

Nous sommes accueillis par Monsieur et Madame LEREBOUR dans leur ferme rue de Janvry. Nous commençons notre entretien autour d’un jus de fruit.

Recueilli en mars 2018 par Annette MAZINGUE et André LACHENY

La famille

Mon père est arrivé à Gometz la Ville en 1928, à la ferme de la Boulaye. Je suis né à la maison en avril 1929. A cette époque, la majorité des naissances se faisaient au domicile avec l’aide d’un médecin.
Mes grands-parents maternels m’ont recueilli à Boissy-sous-Saint-Yon à l’âge de 18 mois pour soulager mes parents avec la venue de mes frères.

Ma scolarité

Je suis allé à l’école du village. A l’âge de 7 ans, je reviens poursuivre ma scolarité à l’école de Gometz, située à la place de la salle de la mairie actuelle.

Les jeunes venaient à l’école à pieds. Monsieur Le Poulichet partait de la ferme de Belleville, pour le plus éloigné. Il passait par la Folie Rigault puis la Vacheresse pour y aller en groupe.

Les enfants les plus éloignés amenaient leur repas pour midi, qu’ils réchauffaient sur le poêle en fonte de la classe. Un petit réfectoire leur était destiné.

Trois tilleuls ornaient la cour, mais à l’automne, le ramassage des feuilles étaient effectués par les élèves. La classe unique pouvait compter jusqu’à une quarantaine d’élèves.

La commune s’agrandissant, l’école dut quitter la mairie et la municipalité dut en construire une nouvelle qui ouvrit en 1974, avec 3 classes pour commencer. Elle fut financée par Mr Balkany, promoteur de Chevry.

J’ai passé mon certificat d’études en juin 1941. A la rentrée suivante, j’ai poursuivi mes études en pension à Dourdan. Mon retour à la ferme s’est fait en mai 1943 car mon père est tombé malade à la suite d’une jaunisse.

Pour me perfectionner dans certaines matières, j’ai pris des cours du soir à Orsay.

J’ai fait ma première communion à l’église de Gometz-le-Châtel en 1940. La sortie ne s’est pas faite au son des cloches mais à celle des canons allemands qui bombardaient la région.

L’ exode

Illustration de Pierre Lerebour

Pendant l’exode, beaucoup de Gometziens partaient sur les routes. Certains allèrent loin comme notre famille, qui s’arrêta au Cher, les Allemands allant aussi vite pour envahir le nord de la Loire.

Pour en savoir plus : L’exode de 1940 vécu et décrit par M.et Mme Pierre Lerebour.

La vie rurale à Gometz

Avant Guerre, Gometz comptait de nombreuses fermes de surfaces différentes. Dans le bourg, elles étaient au nombre de 7 :

  • Mr Fauconnier (actuellement les Pépinières Pescheux)
  • Mr Candé
  • Mr Mongeannet (Mme Nizou)
  • Mr Auvray
  • Mr Laumonnier
  • Mr Dramard (la ferme Montvoisin)
  • Mr Lerebour1

Chaque hameau avait au moins une ferme.

A Beaudreville :

  • Mr Lebrun (Le Bocage de Beaudreville à Chevry)
  • Mr Botineau
  • Mr Delange (Mr Malnou)

A Mauregard :

– Mr Garouste (actuellement Mr Galmard arrivé en 1956)

A la Feuillarde :

– Mr Hottin (Mr Baillon)-

A Ragonant:

– Mme De Wendel

A la Vacheresse

– Mr Cineau (Mr Lacheny)

A la Folie Rigault:

– Mr Toquet

– Mr Claerhout

A Belleville:

– Mr Le Poulichet

A Taillis Bourdrie:

– Mr Van den Boggard

Une crise agricole dans les années 1932-1934 a mis bon nombre d’agriculteurs en difficulté, avec la mévente du blé. Beaucoup ont du mettre la clé sous la porte dans la région. L’abbé Vorage avait certainement des connaissances en Belgique car beaucoup de Belges vinrent s’installer.

L’agriculture dans les années 1940 1950

Notre exploitation n’avait pas de vaches, ce qui était rare sur Gometz. Les travaux des champs étaient effectués par des chevaux. Il fallait en compter un pour 10 ha. Pour notre ferme, ils étaient au nombre de 4 pour la culture, plus un cheval de cour. Celui-ci était utilisé pour tous les travaux intérieurs de la ferme, mais aussi pour les sorties.

A cette occasion, il était attelé à une tapissière. C’était une charrette à 2 ou 4 roues équipée d’amortisseurs (ressorts) pour le confort. Celle-ci pouvait avoir une capote en cas de pluie et des sièges rembourrés. Pas de risque d’excès de vitesse !!

Toutes les tâches dans les champs étaient faites par les chevaux, du labour à la moisson. Il fallait suivre les bêtes, à côté ou derrière pour les guider. Cela faisait quelques kilomètres à la fin de la journée. Les chevaux décidaient de la fin de la journée. Aujourd’hui, les tracteurs peuvent travailler des heures et des heures !

Sur une même parcelle, l’assolement se faisait sur 3 ans. Le première année, dite tête d’assolement, on semait ou plantait principalement des légumineuses (luzerne, haricots, betteraves ou pommes de terre). La deuxième année, c’était le blé et pour finir, de l’avoine ou de l’orge la troisième année.

Les différentes cultures

Les haricots étaient semés puis binés à l’aide d’un cheval. Certaines fois, il fallait effectuer ce travail à la main. Ils étaient récoltés soit frais, soit secs. Les légumes cueillis frais étaient expédiés vers les Halles de Paris, ramassés par un mandataire qui les vendait. Quant aux secs, ils étaient arrachés puis disposés en petits appelés moyettes. Elles étaient recouvertes de paille pour ne pas prendre la lumière, afin de conserver la couleur verte du grain. Quand les haricots étaient secs, ils étaient battus par une vieille batteuse pour ne pas les abîmer.

Par la suite, cette culture fut abandonnée car le sol était épuisé par le retour fréquent des haricots. Les petits pois firent leur apparition.

La betterave était également présente sur l’exploitation, qu’elle soit fourragère ou sucrière, le mode de culture étant identique.

Le semis se faisait avec un semoir tiré par les chevaux. Un ou plusieurs binages étaient effectués mécaniquement. Malheureusement, le démariage des betteraves était lui manuel.

Les betteraves sucrières étaient expédiées vers une sucrerie. Quant aux betteraves fourragères, elles servaient à la nourriture des animaux. Une partie était stockée dans une grange, le reste était mis en silo pour la conservation.

A la suite des légumineuses venaient les céréales. Là encore, tout se faisait avec les chevaux, du semis à la récolte. La moisson durait environ un mois, elle s’effectuait avec une moissonneuse-lieuse tirée par 3 chevaux. Les gerbes étaient mises en dizeau (par dix) puis chargées sèches sur des charriots pour être entrées en grange. Le battage était fait par nos soins en hiver. Le blé récolté était livré à la coopérative. Quand à la paille, elle était mise en bottes de 5 kg environ. Toutes les semaines, elle était livrée sur Paris avec les chevaux (environ 700 bottes, moitié paille, moitié fourrage). Le charretier partait vers 2h du matin pour rentrer vers 20h. D’autres agriculteurs livraient à des nourrisseurs pour les vaches. Mon père vendait cette paille à la laiterie Hauser qui alimentait Paris en lait. Elle possédait une cinquantaine de chevaux pour les livraisons ce qui nécessitait une grande quantité de paille et fourrage.

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