Blandine raconte…

La gamelle des écoliers bretons
Emprunté à radioevasion.net

Introduction :

Témoignage envoyé par email en réponse à un message de Claire pour lui demander de raconter ses souvenirs et lui proposer de participer à l’animation de septembre 2016 sur la reconstitution de la Mairie-Ecole.
Blandine n’était pas disponible ces jours là, elle s’exprime néanmoins…

Bonjour,

J’aurais aimé parler d’une merveilleuse maitresse Mme Cornic à qui je dois ce que je suis, car à mon arrivée à GOMETZ en 1947, j’étais une petite fille révoltée, je ne voulais pas quitter ma Bretagne.
Maman venait de se remarier avec le frère de mon père, un oncle adorable qui m’a aimée comme sa fille, et réciproquement j’ai toujours dit : “moi, j’ai deux pères”.
Ils étaient partis un an avant chercher du travail, et moi j’étais restée chez ma tante en Bretagne, départ très très difficile, et je n’avais pas bon caractère, donc je décide de ne pas travailler en classe.

Lorsque Mme Cornic est venue remplacer le maître malade, je crois qu’elle a tout de suite compris, avec mes rédactions.
Il faut dire que je n’étais pas très logique ; il y avait un copain pour qui l’école n’était pas sa tasse de thé, il avait du mal à suivre et moi qui étais plus jeune, je voulais l’aider. Seulement une allée séparait nos pupitres, je l’aidais car autrement les autres gamins se moquaient de lui et ça je n’aimais pas. Donc je l’aidais à faire ses devoirs, et quand je me trompais, elle mettait : “Blandine tu t’es trompée”.

Tout est parti de là. Nous mangions à la gamelle comme tous ceux qui habitaient loin. Des souvenirs : il y avait le préau, ouverture près de l’église et à côté une pièce qui servait de réfectoire, c’était super !
Mais suite à une rédaction faite, j’avais mis : “ici personne ne me comprendra jamais, mon papa a été fusillé par les boches, tout le monde s’en fout. Il est mort pour rien, et moi je suis seule à avoir de la peine. Seule ma tata en Bretagne m’aime et me comprend. Je veux retourner chez elle”.
Réponse en rouge sur le cahier : “Si, moi je te comprends car mon fiancé a lui aussi été fusillé par les Allemands et ta place est ici avec ta Maman et ton beau-père”.

A partir de là, tous les midis elle me laissait 1/2 heure pour manger et après ½ heure en classe pour refaire ce que j’avais mal fait. Le jeudi je venais en classe et elle me faisait travailler, cela a duré 6 mois et j’ai craqué, j’ai eu droit au “pourquoi comme je travaillais bien en Bretagne et ici mal”,  je voulais repartir.
Cette femme merveilleuse a donné de son temps à tous les gosses mal dans leur peau. Elle m’a toujours suivie ; jusqu’en octobre 2015 ou j’étais avec son fils à son enterrement.

Ce serait bien aussi de parler des “grands” qui protégeaient les plus jeunes. Un petit gars super, super protégé par son papa, qui lorsqu’il se plaignait d’une bagatelle son Père venait nous houspiller sans chercher à comprendre.
Les petits règlements de comptes, le partage des gamelles avec ceux qui n’avaient rien, les voyages en fin d’année au bord de la mer. Le certificat d’études…

Blandine

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