Juliette Leborne, un maire, une femme
Un entretien en vidéo
En période de confinement Covid-19, nous ne pouvons pas être en prise directe, face à face. C’est donc en vidéo conférence que se déroulera cet interview.
Après avoir transmis le lien qui permet de se connecter à la conférence et trouvé les réglages ad hoc, la conversation peut commencer…
Notre histoire à Gometz la Ville
En 1970, Daniel quitte l’armée et nous entamons une longue période pour une filiale du CEA, dans une mine d’uranium au Sahara, à Arlit, au Niger.
Là, nous passons plusieurs années avec notre fille.
« Comme je suis sans travail, le directeur m’engage comme assistante de direction.«
Les retours pour les vacances sont compliqués ; où allons-nous nous poser ?
Enfin, nous achetons une maison à Chevry (sur la commune de Gometz à cette époque…).
« Elle n’est pas terminée, nous campons mais c’est chez nous !«
1975, retour définitif pour les vacances. Face aux espaces illimités du Sahara, nous nous sentons douloureusement confinés (déjà!).
« En France, tout semble petit.«
En 1980 : une maison à Montvoisin
A Chevry, je fais, un temps, partie de « l’association des anciens » mais ce quartier nous lasse assez vite et en 1980, nous intégrons Gometz en achetant une maison à Montvoisin.
C’est à ce moment que le maire, Jean Le Besque me propose de créer un club pour les anciens de Gometz la Ville. Je suis secrétaire ; Agnès Lerebour en est la présidente.
Les premières réunions se déroulent chez nous et ensuite au Foyer rural.
Les élections municipales de 1983
En 1982 Monsieur Le Besque me propose de me présenter avec lui sur sa liste pour les élections municipales de 1983 ; GLV compte alors à peu près 800 habitants.
Nous sommes élus.
A cette époque la secrétaire de mairie était Madame Durand. C’était la secrétaire « parfaite » ; tous les dossiers classés de manière extraordinaire, identifiés de sa belle écriture.
Les élections de 1989
Grâce à la clairvoyance de Jean Le Besque Gometz La Ville s’est vu doté de nouveaux bâtiments pour l’école, et d’un foyer rural flambant neuf, qu’il a su négocier avec Bouygues à l’époque de la construction de Montvoisin.
En 1987, Jean Le Besque désavoué par son conseil démissionne et Jean Lerebour, premier adjoint, lui succède prend la suite à la mairie.
En 1989 comme Jean ne souhaitais pas se représenter, c’est moi qui ait mené une liste et j’ai été élue maire.
Quinze jours après les élections, un événement d’une violence extrême se produit : un incendie de pavillon, la nuit, à la Grande Garenne qui fait deux morts.
La fonction de maire consisterait donc à faire face et tout encaisser ?
Cela oblige à se forger un solide mental pour répondre à cette fonction d’autant plus lourde qu’elle concerne un petit village.
La gestion de la commune
Comme dans toutes les communes, la gestion communale commence par un inventaire général. Les finances sont en parfait état. Il n’y a pas grand chose à changer à Gometz mais l’époque est en train de changer et nous devons revoir nos façons de travailler..
Avec l’aide précieuse de Jean-Claude Renault , nous avons modernisé la gestion et passé le cap de l’informatique.
Nouvelles méthodes, bilan de l’état des bâtiments et des routes. Nous établissons des listes d’améliorations.
Il y a déjà beaucoup de circulation au centre du village, ce qui ne va pas dans le sens du caractère rural du village que nous souhaitons préserver.
Il me semble qu’en tant que maire et femme, j’ai beaucoup entendu les problèmes personnels des habitants.
Nous avons fait des acquisitions foncières dans le centre du village ; un terrain libre au fond du Domaine de Montvoisin, le terrain de foot et l’emplacement du foyer rural.
Au niveau des réalisations, nous avons donné de l’espace en faisant disparaître le presbytère ; nous avons fait refaire la toiture de l’église qui fuyait ; finalisé la transformation de la mairie commencée durant le mandat de Jean Lerebour.
Pour la voirie, un entretien systématique annuel ; la réfection de la route de Beaudreville, de la Vigne à Perron, la réalisation de trottoirs au Domaine de Montvoisin…
Certains projets n’ont pas pu aboutir comme le réaménagement de la place du Foyer où les parkings ne sont pas pratiques ; l’extension du parvis de l’église qui est mal agencé ; construire une nouvelle mairie ; déplacer les bâtiments techniques alors que nous avions acheté un terrain au fond du quartier de Montvoisin (terrain qui a été revendu ensuite).
La déviation
Un projet qui a pourri l’ambiance et les relations entre les habitants pendant plus de 20 ans ; beaucoup de temps perdu pour des réunions stériles. Un clivage dans la population entre ceux qui étaient Pour et ceux qui étaient Contre.
Pourtant cette affaire a fini par se régler dans de bonnes conditions.
Mes ambitions pour Gometz
Pour garder une logique de construction, il faudrait créer une « zone tampon » entre les constructions périphériques et les zones agricoles pour limiter les emprises sur les terres qui ont déjà beaucoup augmentées depuis quelques années mais permettre la construction de petits lotissements pour assurer le maintien de l’école et des activités du village.
Conserver son caractère de village ancien à Gometz la Ville.
Ne pas transformer les hameaux en « petites villes » .
Oui à une augmentation de la population mais « à petite dose » afin de pouvoir rester au contact et à l’écoute des gens.
Dédé et Guy, une équipe de choc
Quand Casimir, le garde champêtre, prend sa retraite, c’est Dédé Guillot qui le remplace. Ce fut un excellent choix !
Dédé et Guy, des agents à l’ancienne, autonomes, qui ne comptent pas leurs heures. Dédé, garde-champêtre me faisait des comptes rendus réguliers, remarquables de précision.
Le décès de Guy à la suite d’un accident ne fut « pas facile à digérer ».
Avant la fin de mon mandat, la tempête de 1999 s’est invitée comme pour marquer la fin de ce siècle et m’a laissé l’impression d’être très seule. Il y avait tant de dégâts partout, que la taille de GLV ne nécessitait pas la priorité… La route de la Gruerie était impraticable, des arbres tombés partout, des montagnes de déchets verts. Nous nous sommes débrouillés, nous avons organisé un circuit de camions et organisé le ramassage.
Une grande solidarité a permis de résoudre les problèmes avec les entreprises, les bénévoles et les pompiers.
Les pompiers
C’était une institution à Gometz. Au moment où les bénévoles ont été remplacés par les professionnels de Gif, ça a été une épreuve très dure. Ce fut une décision départementale, pour limiter la multiplication du matériel.
La CCPL
La plus ancienne communauté de communes du département. Les réunions se tenaient à Boulay les Troux avant la construction des bâtiments de Briis.
L’aérotrain
J’ai le souvenir des derniers instants après que tout a brûlé, l’évacuation de l’épave de la dernière machine dans un camion…
La cloche et le coq de l’église
La charpente du clocher menaçait ruine. Le chantier de réparation donne la chance de monter au sommet de Gometz ; un panorama unique. C’est magnifique !
La cloche qui était fêlée depuis la libération est descendue et refondue. Une erreur dans le texte en relief sur la nouvelle cloche a du être corrigée au dernier moment.
Malgré cet incident, ce fut une cérémonie magnifique, splendide, pour ces travaux pour lesquels les habitants s’étaient cotisés.
L’ancien coq qui était percé est changé également. On ne sait pas ce qu’il est devenu…
Le 14 juillet 2000
Le préfet Rémy Pautrat, un grand serviteur de l’état, d’une humanité incroyable, attachait beaucoup d’importance aux « petits » maires. Il nous invite au Sénat et à assister au défilé du 14 juillet sur les Champs Elysées. Daniel, à l’époque où il était enfant de troupe, avait lui aussi défilé sur les Champs…
La ferme de Beaudreville
Je l’ai vu au cours de sa destruction.
Chevry
On peut regretter que les chemins qui allaient des hameaux au centre du village n’aient pas été préservés.
Mais les maires de Gometz la Ville et de Gometz le Chatel ne pesaient pas lourd en face de Gif et du promoteur.
La construction du supermarché Carrefour dans le quartier de Belleville sur notre commune a été compliquée avec la mairie de Gif…
Le rôle de maire.
Le maire donne l’impulsion, ensuite les réalisations sont affaires de longue haleine, il faut monter les dossiers techniques, les défendre, les financer… avant de les voir émerger.
C’est souvent très long et un mandat devient alors très court.
Cela forge le caractère dans l’adversité. Beaucoup de devoirs et des moments de grande solitude.
Il faut entendre jusqu’à des problèmes conjugaux.
On apprend à relativiser :
Un fort caractère est ressenti différemment selon qu’on est homme ou femme : on dit que l’homme a du charisme, et que la femme est autoritaire…
A ce jour, il m’est impossible de traverser GLV « innocemment ». Mais ça fait plaisir de constater que les gens se souviennent de ce qui a été fait.
Quand j’ai quitté la mairie, ce fut un grand sentiment de liberté. Ma première action a été de retirer le téléphone de la chambre.