Anecdotes d’un gamin né en 1923 et qui passa sa jeunesse à la Vacheresse
La culotte
Juillet 1944 ramassage de la moisson. Léon Lacheny envoyait les bottes de blé. Sur le dessus se trouvait Monique Bertagnol, 17 ans ; lorsque deux avions entament un combat aérien.
Les balles sifflent, Monique prend peur et saute du haut du chargement et se réfugie sous la charrette.
En sautant, j’avais pu apercevoir la blancheur de sa culotte
…aux dimensions restreintes…(ajouté au crayon)
Dominique Merlino
Ces textes sont de Claude Dellier qui a habité à la Vacheresse, hameau de Gometz.
Ils ont été récoltés par Thérèse Lacheny mai 2017.
J’ai ajouté des sous-titres et quelques images.
Le cœur et le chat
Germaine Lacheny avait cuisiné un cœur, une fois cuit elle avait posé le plat sur le côté de la cuisinière. Un chat gastronome s’empara du cœur et s’en alla. Germaine lui couru après, le chat lâchât le cœur qui avait traîné dans le passage.
Elle le ramasse, le passe à l’eau et nous avons mangé du cœur au repas de midi.
Le café
Après le déjeuner de midi, le rituel était de boire un café. Chacun tendait son verre et la femme du berger piquait du nez entre les balconnets de son corset.
Son mari le berger se déplace sans bruit et boit son verre de café. Elle se réveille et prenant son verre elle voit qu’il était vide. Son mari ayant rejoint sa chaise, il la regardait avec son sourire.
Et des yeux courroucés. « c’est toi vieille carne »
(Rires autours de la table)
La barre fixe
Dans le hangar il y avait un élévateur pour monter les bottes de paille. Le tapis était actionné par une roue assez grande montée sur un arbre ( axe) qui était graissé régulièrement. Les gamins que nous étions et dont Alain Bertagnol faisait partie était toujours partant pour des folies sportives.
« Alain, tu pourrais faire de la barre fixe, autour de l’arbre de la roue ? »
« Oui »
Alain tourne autour de l’arbre. Il arrive avec un tablier bleu ciel et repart avec le même tablier plein de graisse.
Quand sa mère l’a vu arriver, elle lui a dit de se dévêtir et quand il fut nu elle lui infligea une « dégelée » avec un balai en paille de riz.
Nous qui de loin assistions à la scène. Nous rions !
Le radeau
Toujours Alain, nous avions fait un radeau avec une vieille porte et des bidons vides
Nous le mettons à l’eau et disons a Alain, monte dessus, bien nous en prit, nous lui avions passé un larde (?) autour de la ceinture, car le radeau s’enfonçait et se retournait. Avec de la vase jusqu’au genoux, les tennis blanches avaient changé de couleurs.
La suite ne nous a pas été rapportée…
Les as du lance-pierres
Les six gamins que nous étions à la Vacheresse, tous ou presque nous avions un lance pierres, les cibles n’étaient guère atteintes. Un Jour Nana Boufeau nous dit :
« Avec vos lance-pierres les oiseaux sont sans peur, tenez, même mes poules n’ont pas peur »
Je ne sais plus lequel de nous tire au milieu de 5 ou 6 poules, l’une d’elle fait 3 tours sur elle même, et tombe!
Nana: « Mais, il a tué une de mes poule »
Par quel miracle la pierre est arrivée dans la tête de la poule ?
Aujourd’hui encore je n’ai pas la réponse.
A vélo
Je suis allé pendant quelques mois à l’école de Gometz la Ville. J’effectuais le trajet à vélo. Le soir le retour à vélo mais à plusieurs.
Il y avait des silos de betteraves recouverts de terre ; cette terre il fallait bien la tourner, et bien, en creusant une tranchée tout autour du silos…
De tourner a vélo dans cette tranchée.
Après un tour de tranchée, la boue se colle sur la chaîne et ne passe plus dans le dérailleur. C’est gagné le dérailleur casse, arrivé a la maison, explications ; en vérité déguisée : « je suis tombé dans le fossé« .
Mais ma mère est passée a la caisse pour les réparations. Je n’ai jamais révélé les causes exactes…
La manivelle
Mon père un coléreux s’il en était, sa voiture ne démarrant pas au démarreur, prend la manivelle, rien, de colère il lance la manivelle dans le pare brise de derrière qui vole en éclat et la manivelle se retrouve sur le siège avant.
Il avait assouvi sa colère.
Paris libéré le 25 août…
Une petite dernière pour la route et en marge de l’histoire ; la grande.
Le Général Leclerc fait arrêter les trois colonnes de la 2ème DB, et une de ses colonnes est sur la route de Chartres, entre Gometz la ville et les Molières…
Le Général était cousin avec les De Wendel ( propriétaires du château de Vaugien et de la ferme de Ragonant), c’était des retrouvailles, les De Wendel retiennent le Général à dîner, nous sommes en août 44, la viande était rare.
Le régisseur de la ferme de Ragonant et du domaine est venu trouver Mr et Mme Lacheny et le berger Mr Cineau : « le Général dîne ce soir au château, est ce que l’on pourrait avoir 2 gigots ? »
Le berger lui répond : » je peux tuer un mouton mais je ne sais pas le débiter ! »
Germaine Lacheny vient trouver mes parents, elle expose le problème :
« Vous, Mr Dellier vous ne pourriez pas le débiter ?
je n’ai jamais fais ça, on peux peut être s’en tirer! »
L’agneau tué, mon père le pend au porte manteau, et commence le travail, tant bien que mal, même plutôt mal pour la découpe !
Dans la soirée le régisseur repartait avec les deux gigots qu’il voulait payer.
Le berger : « pour le Général Leclerc, j’offre ! »
Le soir même les gigots étaient dégustés par le Général.
Voilà pourquoi Paris fut libéré le 25 août au lieu du 24 comme prévu.
C’est la petite histoire mais au combien véridique.
Un drame
Lorsque ma mère et moi ainsi que notre chienne débarquions à la Vacheresse en 1938, le hameau comptait 6 maisons avec la ferme et 14 habitants. Ce hameau implanté sur cette belle plaine ou les coquelicots se mêlaient aux bleuets, c’est la tranquillité, la vie paisible malgré un ciel qui s’assombrit.
Ce petit village connaît un drame, Madame Girardin et son neveu seront assassinés étranglés par le dénommé Cassiot reprit de justice et évadé.
Si mes souvenirs sont exacts il ne survivra pas longtemps après son méfait, il sera frappé par la tuberculose et décédera en prison.
La guinguette
Heureusement il y a une autre circonstance heureuse et joyeuse.
Lors de la libération c’ était la gaieté et la salle de la buvette de Nana Bouffeau se transformait en guinguette les dimanches après midi.
La musique était assurée par un phonographe et des 78 tours, il y avait un préposé à la manivelle pour remettre en marche le phono, c’ était la joie, il y eu un plus.
Monique Bertagnol grand sujet dans le ballet de l’opéra de Paris, est venue nous faire une démonstration de danse classique.
Le ballet de l’opéra de Paris (enfin, un élément) était à la Vacheresse.
Monique était réfugiée avec ses parents .
Cette prestation se répéta et attira de plus en plus de monde.
Bien des hommes des alentours venaient assister à la démonstration de danse classique.
Je soupçonne que les spectateurs masculins venaient surtout pour les fesses des danseuses qui étaient vêtues d’un collant et d’un tutu, c’était une première à la Vacheresse.
Quand à moi j’avais eu la vue sur une petite culotte blanche, lors du saut du haut de la charrette.
Nana n’avait jamais eu d’aussi importantes recettes !
Mais voilà, les réjouissances de la libération son venue aux oreilles du Maire, qui fit interdire ces réjouissances. Fini le bal bon enfant, chacun des participants reprirent à regret leurs distractions coutumières.
La guinguette à fermé ses volets et ne survivra en tant que guinguette que peu de temps après.